Oublié ? Créer un compte

Les éponymes

Cette leçon a été créée par Laurène Destrebecq

Sujet :

Eponymes

Description :

Analyse d'un procédé linguistique : la construction des éponymes
Illustration d'un cas de création lexicale

Leçon :

Les éponymes et le marcel

Séquence à destination des enseignants

 

 

I.     Balises

  • Thème de la leçon : Les Eponymes
  • Public visé : élèves de 4e années secondaire (+/- 15-16 ans)
  • Déroulement en deux phases :
  1. Aspect théorique
  2. Illustration au moyen d’un cas éponymique
  • Tâche finale double :
  1. Pouvoir produire une expression écrite : réécrire l’histoire présentée en changeant de point  de vue, c’est-à-dire, en se mettant dans « la peau » de l’objet présenté.
  2. Pouvoir produire par groupe de deux un exposé oral sur un autre cas éponymique au choix en utilisant la méthode et les supports de communication employés ici (principe de méta-communication)

 

II.        Dessin 1 - Les éponymes et autres mots en « –nymes » : théorie

Ÿ  Ecrire le mot « ÉPONYME » au centre du TN

Ÿ  Ce terme vous évoque-t-il quelque chose ?

Ÿ  Découper le mot selon ses deux racines grecques et dessiner chacune de ces racines :

< epi = sur et < onoma = nom

Éponyme = qui donne son nom à quelque chose

Ÿ  Sur base de cette définition, connaissez-vous des exemples d’éponymes célèbres ?

Ÿ   Expliquer très brièvement le cas de 3 d’entre eux : le sandwich (< […]) , la pizza Margarita (< […])  et la nicotine (< […]) + faire dessiner chaque exemple.

Ÿ  Connaissez-vous d’autres catégories de mots qui portent le suffixe « -nymes » ?

Ÿ  A chaque catégorie citée, demander un exemple et dessiner ou faire dessiner le fonctionnement ( !! placement des catégories ; le patronyme doit se trouver au milieu)

Ÿ  En rappel, écrire le nom de chaque catégorie évoquée oralement auparavant.

Ÿ  In fine, inclure tous les cas dans une bulle en lui attribuant le titre « -nymes ».

Ÿ  Attirer l’attention sur le placement des catégories comme moyen mnémotechnique.

 

 

 

 

 

 

III.     Dessin 2 – Illustration d’un cas éponymique : l’histoire de ce tricot de corps appelé Marcel

Ÿ  Dessiner le tricot de corps au centre du TN et noter le mot « Marcel » en dessous.

Ÿ  Annoncer les objectifs du cours :

  • Aborder une pratique inhabituelle, à savoir porter une réflexion sur la construction d’un phénomène linguistique (les éponymes) en l’illustrant par un cas célèbre.
  • Élargir sa culture générale pour mieux trouver sa place dans la société.
  • Vous fournir un moyen efficace d’assurer votre sortie de samedi soir : bien écouter, mémoriser la fresque et raconter cette histoire au repas de ce soir, c’est donner l’illusion à vos parents que l’école vous instruit. Rendu intelligent, vous n’avez plus qu’à demander et vos parents vous exauceront. 

Ÿ  Expliquer le déroulement : raconter l’histoire du Marcel en illustrant mon propos au moyen de dessins, mais un dessin manquera à un moment et ce sera à vous de proposer votre illustration de l’information transmise.

Ÿ  Débuter le récit en dessinant les éléments un à un.

Ÿ  Ne pas dessiner l’expansion du Marcel dans le temps et parmi les diverses activités sociales

Ÿ  Reprendre l’histoire

Ÿ  Dessiner le dernier dessin (docker sur le port)

Ÿ  Faire dessiner individuellement l’information manquante

Ÿ  Afficher les propositions au TN et réaliser un dessin commun

Ÿ  Remettre à tous la fresque et la faire compléter au moyen du dessin commun

Rappeler les deux tâches finales.

 

 

Le truc qui colle encore au corps

MASUY CHRISTINE, LE Soir, Lundi 27 juin 2011

 

T’as ton marcel ? (1/43) Petite histoire du sous-vêtement des forts des Halles

Il aurait pu s’appeler Raymond ou Fernand, il s’appelle Marcel. Qui ça ? Ce (sous-)vêtement qui s’affiche ou se cache selon les époques, les milieux et le temps. Qui est ce Marcel qui inventa le marcel ? Une chose est sûre : c’est une histoire française. On est à Paris, dans les années 1860 ou 70. Au cœur de Paris, dans ce grand marché que sont les Halles. L’endroit existe depuis le Moyen-Âge, mais il vient d’être totalement repensé et réaménagé. Notamment par l’architecte Baltard, qui imagine ces fameux pavillons à structure métallique et toits de verre. Les Halles de Paris sont désormais l’un des plus grands marchés du monde. Elles s’étendent sur une trentaine d’hectares et des tonnes de nourriture y transitent chaque jour. Ce qui inspire à Zola un roman au titre évocateur : Le Ventre de Paris.

Pour faire tourner cette grosse machine, il faut évidemment des hommes. Des milliers d’hommes, qui travaillent surtout de nuit, à décharger des sacs de pommes de terre, des cageots de légumes, des caisses de poisson ou des quartiers de viande. À l’époque, on se soucie peu des conditions de travail des ouvriers, et moins encore de leurs vêtements de travail. La plupart portent donc un pantalon en drap et un chandail. Mais le chandail s’avère gênant pour saisir la marchandise, la faire passer sur le bras, puis sur l’épaule. Pas question pour autant de l’ôter parce qu’il fait souvent frais sous le ciel de Paris, surtout la nuit.

L’ouvrier aux bras nus

Jusqu’au jour où un ouvrier des Halles a l’idée un peu folle de démonter les manches de son chandail. Il se retrouve donc les bras nus – ce qui lui accorde une plus grande liberté de mouvement, mais il conserve le torse et les reins bien au chaud, à l’abri des courants d’air qui règnent dans les entrepôts. Voilà donc le vêtement idéal, rapidement adopté par tous les ouvriers des Halles. Ils l’appellent maillot de corps ou tricot de corps.

L’information ne tarde pas à descendre jusqu’à Roanne. Cette petite ville de la Loire est la capitale française de la bonneterie. On y fabrique donc du tissu à mailles. Et parmi les nombreuses entreprises roannaises, il en est une qui décide de miser sur ce tricot sans manches : les Etablissements Marcel. Plus besoin pour les ouvriers parisiens de détricoter leur chandail, ils peuvent désormais acheter un tricot de corps tout fait. Avec, dans le col, une petite étiquette au nom de Marcel. C’est ainsi que l’appellation va s’imposer aux Halles de Paris.

Sans doute ne serait-elle jamais sortie du quartier si, en 1914, l’armée française n’avait décidé d’imposer le Marcel dans le paquetage de ses soldats. Le vêtement se fait alors sous-vêtement pour protéger les poilus du froid. Et une fois la guerre terminée, il se répand aux quatre coins de la France. Les ouvriers l’adoptent. Les paysans aussi. Et lorsqu’apparaissent les premiers congés payés, dans les années 30, ils emmènent le Marcel au soleil pour le transformer en vêtement de loisirs populaire.

Parmi ces ouvriers, il y a les dockers… Le mot docker est un anglicisme, mais il s’est tellement bien imposé qu’on a oublié son équivalent français : débardeur. À Toulon, à Marseille, au Havre et ailleurs, les débardeurs adoptent le marcel, qui s’impose comme une espèce d’uniforme sur les quais. Et voilà comment marcel et débardeur sont aujourd’hui synonymes.

 


Repères :

Exposé oral avec support visuel éponymes d'un cas de construction lexicale de la langue française